Les Malheurs de Sophie (Scion) – Episode 1: Au début, il y avait (trois) Scion(s)

Publié par White Wolf Publishing puis racheté par Onyx Path, le système Scion permet de jouer des personnages éponymes – des Scions, terme qui désigne des enfants de dieux et de déesses des anciens panthéons. L’objectif de ces Scions est de gagner en puissance en servant des patrons divins, jusqu’à atteindre eux-mêmes le rang de dieux. Certains, cependant, n’y parviendront jamais, périssant souvent face aux Titans, en guerre éternelle contre les Dieux, et à leurs engeances et serviteurs… si ce n’est de la main des Dieux eux-mêmes.

Cette campagne, sous l’égide de notre cher maître du jeu Tom, suivra trois protagonistes:

  • Mohamed est interprété par Dimitri.
  • Lyanna est incarnée par Claire.
  • Enfin, Nathan est joué par Alex.

Bonne lecture!


Campagne, n.f: Dans l’univers des jeux de rôle (JDR), histoire à long terme ou série d’aventures qui implique généralement les mêmes personnages. Son but est d’introduire un aspect de développement, d’amélioration et de progression (ou de dégénération) des personnages.

Mes amis, préparez nos valises, nos services sont demandés.

Court, concis, presque trop formel: un SMS ordinaire pour Mohamed, jamais très à l’aise avec ce genre de technologie. Il ne s’inquiétait cependant pas de la réaction des deux destinataires du message, qu’il savait habitués à sa franchise, ni du manque de clarté apparent de ces quelques lignes. Elles seraient parfaitement comprises, il le savait, par ses… Camarades? Non, collègues serait plus approprié, au vu de la nature de leur relation et de leur travail respectif.

Dire qu’ils n’accomplissaient que de sales besognes serait une exagération. Tous trois, que ce soit individuellement ou au sein de leur groupe, acceptaient et assumaient le qualificatif de mercenaires au service du plus généreux. Mohamed ne se trouvait pas au Caire pour de simples vacances, et avait passé ces trois derniers mois à entretenir son réseau clandestin. Lyanna, la seule femme de la bande, venait de faire payer le prix du sang à l’un de ces fanatiques Scions aztèques qu’elle haîssait tant, et se trouvait quelque part en Europe. Quant à Nathan, le troisième larron, il dépensait joyeusement l’argent récupéré dans le coffre d’un quelconque politicien grassouillet de Sicile.

Mais voilà que trois mois déjà après leur dernière mission, un nouveau message les réunissait – non pas au QG habituel cette fois, mais à Séoul, la moderne capitale de la Corée. Une mégapole brillante, technologique, frémissante d’activité et d’une énergie nerveuse qui ne demandait qu’à se libérer, et pourtant une cité ancienne où bruissaient sans doute un millier de mythes inconnus… Un terrain encore inconnu pour nos trois graines de mercenaires.

Le premier arrivé fut Mohamed, qui s’installa dans l’espace duty-free de l’aéroport en attendant ses collègues. Touristes comme locaux ne pouvaient s’empêcher de jeter un regard au colosse à la peau sombre, dont le costume élégant se tendait à chaque mouvement de ses bras musculeux, assis dans l’une des places presque trop petites pour lui. Ceux qui s’en approchaient assez pouvaient remarquer la canne de bois sombre qui reposait contre l’accoudoir de la chaise, et s’ils l’examinaient d’un peu plus près encore, pouvaient presque remarquer l’oeil de verre doré du Scion d’Horus, si son charisme intense ne les poussait pas à s’éloigner.

Il fut bien vite rejoint par Lyanna, dont la silhouette athlétique paraissait courbée sous le poids de sa valise et du sac de voyage de son chat Mia – le symbole de sa mère, Bastet, et un compagnon précieux pendant ces mois de chasse solitaire. En tenue de fitness et baskets hautes, l’Égyptienne semblait toujours prête à faire du sport, qu’il s’agisse de course ou d’escalade – ou de danse, son sport de prédilection. La seule trace de coquetterie de sa tenue se trouvait dans la mince baguette dorée qui retenait ses cheveux, roses cette fois-ci, en son éternel chignon. Et pourtant, ce détail en apparence superficiel cachait une arme redoutable, une lance déployable en cas de besoin que la Scion portait toujours sur elle.

Alors même que la deuxième Scion saluait son collègue, Nathan apparaissait dans le grand hall, les repérant rapidement et se dirigeant tranquillement vers eux. D’une pâleur inquiétante au premier abord, les yeux cernés, la coiffure militaire, le seul Grec du trio à l’apparence de voyou affichait cependant un sourire amical. La vive lumière électrique faisait doucement luire les pierres serties sur ses gants noirs et jetait des reflets furtifs dans les plumes de sa veste, dont la teinte noir violacé rappelait celles d’un corbeau. Lorsque Nathan serra la main des deux autres Scions, ils entraperçurent la pointe des katars cachés dans ses manches, ces poignards indiens dont l’assassin professionnel savait user à merveille.

Alors que Lyanna observait du coin de l’œil un petit robot en liberté dans l’aéroport, Nathan ouvrit la discussion en s’adressant à Mohamed: « Qui est-ce qui nous demande cette fois ? Un mafieux Yakuza ?”

Le colosse haussa les épaules. ”Je ne sais pas, le message n’était pas signé. Le rendez-vous est en fin d’après-midi, nous avons le temps de nous installer et de visiter la ville.

– Depuis quand on se déplace pour des messages anonymes ? râla le Scion d’Hadès. Et si c’était un piège ?” Il jeta un regard suspicieux alentour: “Je ne suis pas serein au sein de toute cette foule. En plus je comprends rien à leur charabia ! Ils ne pourraient pas utiliser un alphabet plus habituel ? Genre le grec ? »

– Tu n’avais qu’à étudier plus,” répliqua Mohamed, amusé.

Si leur échange passait relativement inaperçu dans le brouhaha de l’aéroport bondé, ce n’était pas le cas du bien étrange trio d’étrangers en pleine discussion animée. Alors que quelques curieux commençaient à se retourner sur leur passage, Lyanna prit la parole d’un ton plus bas: « On attire beaucoup l’attention, mieux vaut ne pas traîner. Le plus tôt on rencontre notre employeur, le plus vite on aura les réponses à nos questions. »

– Lyanna a raison, approuva aussitôt Nathan. Et je n’aime pas cet endroit, il y a trop de caméras de sécurité à mon goût… Il m’est impossible de bien faire mon travail dans ces conditions ! Trouvons une planque, déjà. »

La jeune femme échangea un regard avec Mohamed, amusée malgré elle par le ridicule de son collègue. Certes, elle préférait elle aussi agir en toute discrétion dans les ombres, mais fallait pas exagérer non plus…

L’exclamation de Nathan lança cependant un mouvement du trio vers la sortie, une arche aussi esthétique et entretenue que le reste de l’aéroport high-tech. Attrapant un plan de la ville à destination des touristes, Mohamed parcourut rapidement les annonces en hangeul, l’alphabet coréen qu’il avait appris à lire en préparation de ce voyage. Nathan se pencha au-dessus de son épaule: “Tu comprends ce que ça dit?

– Bien sûr.

– C’était pas trop dur à apprendre, en vrai, ajouta Lyanna en souriant. Moins que les hiéroglyphes, clairement.

– Parfait, vous ferez les traducteurs.” Devant le regard des deux Égyptiens, Nathan haussa les épaules: “Quoi? Je parle que deux langues, dont l’anglais, c’est déjà pas mal!”

Mohamed retourna à sa carte alors que le trio longeait l’immense baie vitrée, son sourire amusé par les chamailleries de ses collègues caché derrière le papier glacé. Lorsque le trio émergea à l’extérieur, ses sourcils s’étaient cependant froncés en concentration, et il finit par s’arrêter, imité par ses collègues. “Mm. Je ne trouve pas d’endroit assez discret pour nous. Cette carte n’indique que les lieux d’intérêt.

– Et le réseau de caméras ne simplifie pas la tâche non plus.” Nathan désigna l’appareil perché sur un lampadaire proche qui espionnait la sortie de l’aéroport.

Lyanna parcourut rapidement du regard la vaste place où le trio s’était immobilisé. Un vrombissement constant de circulation emplissait l’air, et sur les routes et parkings se pressaient voitures, navettes et bus en direction de la ville à proprement-dite. Au loin, des gratte-ciels rendus flous par la distance s’élevaient vers le ciel gris, quelques lumières clignotant lentement au sommet de certains d’entre eux.

Soudain, elle remarqua quelques pigeons des villes qui picoraient des miettes de sandwiches, et une idée germa dans son esprit. La fille de Bastet jeta un œil à droite, puis à gauche, avant de laisser chat et valise derrière elle et de s’avancer vers les oiseaux.

“Excusez-moi?” leur demanda-t-elle. Sous les regards un peu surpris de Mohamed et Nathan, la jeune femme sortit de sa poche une barre de céréales, qui attira aussitôt l’attention des pigeons. “On cherche un coin tranquille, loin du passage et des caméras,” continua-t-elle en agitant la nourriture pour continuer de garder leur attention. “Je donne un morceau de cette barre à chaque pigeon qui nous aura donné une info utile.”

L’un des oiseaux roucoula d’un air interrogateur. “Oh, c’est un appareil… électronique… euh…” Lyanna finit par désigner la caméra blanche qui surmontait la sortie de l’aéroport. “Ça, là. Trouvez-nous un coin sans gens et sans ces boîtes en hauteur, et la bouffe est pour vous.”

Les pigeons décollèrent aussitôt et s’éparpillèrent dans la ville. Rangeant la barre de céréales d’un air satisfait, la jeune femme revint vers ses collègues qui la dévisageaient toujours. “J’avais oublié ta capacité à parler aux animaux, finit par dire Mohamed.

– C’est superficiel, hein, précisa l’Égyptienne. Mais je pense que ça suffira pour nous trouver un coin tranquille.”

Au bout de quelques minutes, effectivement, quelques pigeons reviennent se poser près de la Scion de Bastet. Après avoir écouté leurs roucoulements et observé leurs mouvements quasi-dansants, elle émietta la barre de céréales à ses pieds. Les oiseaux se jetèrent sur leur récompense alors que la jeune femme se retournait vers ses collègues: “Ils ont trouvé deux ou trois coins intéressants. J’ai un entrepôt sur le port…

– C’est loin et mal desservi, nota Mohamed, ses yeux sombres détaillant la carte. Notre rendez-vous est en centre-ville et si nous devons rayonner dans la ville entière, autant se rapprocher du centre.

– …une maison inhabitée…

– Oulà, non, trop dangereux, émit Nathan. Inhabitée depuis quand? par qui? Je dis non.

– …ou une station de métro désaffectée.” Lyanna fit une pause. “Elle est plutôt loin, ça nous fait sortir de Séoul pour nous amener à Goyang, au Nord-Ouest. Mais on peut s’y rendre en métro.

– On dirait la meilleure option.

– Je suis d’accord.

– Pareil.”


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