Cats : L’enfer des salons – Episode 2 : Nous kidnappons Pierre Bellemare

Une fois dehors nous nous interrogeons :

« Mais… il ne nous a pas dit où se déroulait le salon ! s’exclame Wra’lou le maine coon, Comment allons-nous trouver les chatons ?

– J’ai une idée ! proposé-je, Les humains mettent souvent des euh… vous savez, ces immenses carrés plats colorés dans la rue avec plein de trucs écrits dessus pour s’avertir de ce qu’il se passe. Et bien nous n’avons qu’à regarder ces carrés colorés et en trouver un avec des chiots (brrrr !) et des chatons dessus et de regarder ce qu’ils ont écrit !

– Tu proposes donc qu’on marche partout en ville jusqu’à ce qu’on tombe par hasard sur ce qu’on cherche ? demande Ra’wraou incrédule.

– Exactement !

– C’est une super idée ! approuve Ma’iuw, En plus, je sais lire l’humain ! »

Nous nous mettons alors en route, le museau en l’air, observant avec attention les images affichées dans la rue. Quelques minutes plus tard, nous trouvons ce que nous cherchons : une grande pancarte met en scène un hideux bébé chien penchant la tête qui me hérisse le poil rien qu’à le regarder, et deux chatons adorables se disputant une balle. Dessus, les gribouillis incompréhensibles habituels des humains s’étalent en grands signes bleus. L’Européen se dresse sur ses pattes pour mieux voir et déchiffre :

« Salon du chiot et du chaton, samedi 21 octobre à Neuilly-sur-Seiche.

– Sur Seiche ? Tu es sûre ? doute Wra’wraou avec son habituel flegme british.

– Ca doit être sur Seine plutôt ! Bon ! Et bien comment allons-nous nous y rendre ? Quelqu’un sait où c’est ?

– J’ai une idée ! m’exclamé-je de nouveau, On n’a qu’à marcher jusqu’à ce qu’on trouve un endroit appelé Neuilly-sur-Seine ! »

Mon idée ne semble pas rencontrer autant de succès que la précédente. A la place, Ma’iuw, notre spécialiste des us et coutumes humains, propose :

« Et si nous utilisions une de ces grosses boîtes dans laquelle les humains s’enferment pour se déplacer très très vite ? Nous n’avons qu’à monter dans une de ces boîtes et aller vers Neuilly ?

– Ca me semble être un bon plan, acquiesce Wra’wraou, Je vais hypnotiser un de ces possesseurs de boîte et il nous conduira à bon port ! »

Convaincus par notre plan infaillible, nous voilà tous les six cachés dans un buisson, observant avec attention les humains circulant avec leur précipitation habituelle sur le trottoir. Soudain, l’un d’eux non loin de nous sort un étrange objet de sa poche et le pointe vers une boîte roulante qui se met alors à clignoter ! Saisissant l’occasion, Wra’wraou surgit de notre cachette, s’approche en quelques bonds, puis se frotte amicalement aux jambes de notre cible. La suite nous apprendra que ce charmant monsieur était en réalité Pierre Bellemare, mais pour plus de praticité nous l’appellerons ainsi dès maintenant. Pierre donc baisse les yeux vers le charmant British Shorthair qui se trémousse à ses pieds et, poussant un petit cri de ravissement vaguement gâteux comme seuls les humains savent en produire quand ils nous aperçoivent, se penche pour le caresser. C’est alors que le charme opère : Wra’wraou se concentre puis soudainement devient aussi mou qu’un chat-mallow tandis que Pierre Bellemare se raidit brusquement avant de s’ébrouer. « On peut y aller ! » miaule-t-il à notre encontre. Puis il ramasse le corps flasque de Wra’wraou, le pose délicatement sur le siège passager avant d’ouvrir la portière arrière pour que nous puissions monter tous les cinq. Nous nous engouffrons dans la boîte roulante et nous installons sur la banquette arrière. Pierre referme derrière nous puis fait le tour avant de s’assoir à l’avant, d’enclencher son objet bizarre quelque part et de manipuler mollement un grand cercle fixé devant lui. La boîte se met aussitôt en branle et nous voilà partis !

Nous sommes confiants. Que pourrait-il se passer de mal après tout ? Nous roulons tranquillement, Wra’wraou contrôlant posément l’humain qui semble suivre des plaques colorées sur lesquelles sont écrites les mêmes lettres que celles de l’affiche : Neuilly-sur-Seine. Nous nous voyons déjà victorieux quand brusquement l’humain s’arrête devant un étrange totem. Il nous observe de sa lumière rouge et ronde, tandis que ses deux autres yeux éteints paraissent sommeiller.

« Mais pourquoi il s’arrête ?! s’écrie Meov’ow.

– Et bien… réfléchit lentement Ma’iuw, je crois qu’il faut que l’œil change de couleur. C’est une sorte de dieu que les humains respectent et qui leur montre s’ils doivent avancer ou pas. Si c’est rouge ils ne peuvent pas. Si c’est vert, ils peuvent.

– Oh ! Et bien nous n’avons qu’à prier ! » déduis-je.

Nous nous mettons alors à scander comme les humains savent le faire et en battant des pattes : « Vert ! Vert ! Vert ! Vert ! ». Au bout de quelques secondes le rituel opère : l’œil rouge laisse place à l’œil vert et Pierre Bellemare continue sa route posément. Victorieux nous miaulons notre joie mais quelques mètres plus loin, voilà qu’un nouveau totem nous barre la route ! Ra’wraou nous encourage alors :

« Si ça a marché une fois, y’a pas de raison ! Vous êtes prêts ? Vert ! Vert ! Vert ! »

Et quelques instants plus tard, notre ferveur a raison de l’œil. Il nous faudra prier un bon nombre de ces agaçants obstacles pour enfin sortir du quartier et atteindre la grande route rapide que les humains utilisent en râlant pour se rendre d’un bout à l’autre de la ville. Nous avons vaincu ! Nous n’avons plus qu’à nous laisser porter jusqu’à Neuilly ! Haaaa… Tout était si simple après tout ! Rien ne pourra nous empêcher de…

Soudain, Pierre Bellemare relève la tête et regarde dans son rétroviseur arrière tandis que Wra’wraou s’éveille sur le siège passager. Le sortilège de contrôle s’est rompu !!

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