Cats : L’enfer des salons – Episode 3 : Six criminels en fuite

Catastrophe ! Le vieil homme constate avec stupeur que cinq chats battent des pattes sur sa banquette arrière et qu’il circule en ce moment-même sur le périphérique de Paris sans la moindre raison. Effaré, il commence à bégayer : « M… M… Mais qu’est-ce qui se passe ?! P-p-pourquoi y’a des chats dans ma voiture ?! » Wra’wraou, voyant la situation devenir soudainement bien plus compliquée qu’espéré, décide alors de replonger l’humain dans un état d’hypnose. Jetant un bref coup d’œil à ses camarades paniqués, il saute alors sur les genoux de Pierre Bellemare et réclame, à grands renforts de mignonitude, la caresse qui lui permettra de réactiver son pouvoir. L’humain un peu surpris sursaute puis baisse les yeux vers la charmante boule de poils qui lui fait du charme. Subjugué, il perd soudainement l’usage de son cerveau et se met à le caresser… cessant par la même occasion de se concentrer sur la route ! Wra’wraou n’a même pas le temps de reprendre le contrôle que la grosse boîte dévie violemment de sa trajectoire. Nous écarquillons tous des yeux apeurés et… BLAM !! Notre aller-simple vers Neuilly s’encastre à toute vitesse dans l’une des barrières qui délimitent la route.

Nous ouvrons tous les yeux, nous regardons. Nous sommes un peu pêle-mêle, éparpillés dans la voiture mais tout le monde va bien. C’est alors que nous remarquons que la boîte fume à l’avant et que l’humain ne bouge plus. Ahem… J’espère que ça va aller ? Alors que Ra’wraou aide le British Shorthair à reprendre ses esprits pour que nous puissions l’engueuler en bonne et due forme pour cette idée stupide, un son aigu et tonitruant retentit derrière nous, semblant se rapprocher de notre boîte à toute vitesse : « PIIIIIN POOOOOOOON ! PIIIIIIIIIN POOOOOOOON ! ». Une autre boîte surgit alors, beaucoup plus grosse et beaucoup plus rouge que la nôtre et s’arrête à notre hauteur, hurlant toujours cette agaçante sonnerie. Effrayés, nous fuyons hors de l’habitacle par une fenêtre brisée et courons à toutes pattes nous cacher dans un talus proche. Deux humains descendent de leur gros transport rouge et s’approchent de la fenêtre conducteur de Pierre Bellemare. Finalement ils retournent dans leur grosse boîte, y farfouillent quelques instants et en ressortent avec un drôle d’appareil qui ressemble à un panier pour humain, mais à roulettes, et reviennent vers le pauvre Pierre Bellemare.

« C’est le moment !! chuchoté-je aux autres, Montons dans cette boîte pendant qu’ils sont occupés !

– En plus, fait remarquer Ma’iuw, elle est rouge ! Ca va sûrement plus vite ! »

Nous nous faufilons en toute discrétion vers notre nouveau moyen de transport et nous apprêtons à y grimper pendant que les deux humains mettent notre conducteur dans une housse grise qu’ils referment doucement avec un « ziiiiiiiip ! » annonciateur de mauvaise nouvelle. Mais alors que nous allons embarquer dans la machine humaine, nous nous rendons compte qu’un troisième humain y est déjà, préparant des… euh… des trucs de bipèdes. Wra’wraou ne perd pas une seconde : en quelques bonds il se colle à sa nouvelle victime avec un ronronnement attendrissant. Ra’wraou, toujours aussi dégoûtée par les humains, fronce la truffe de désapprobation et frissonne. L’homme est surpris mais se baisse pour caresser le chat qui se frotte à ses chevilles. Aussitôt, le British Shorthair s’effondre comme une poupée de chiffon et l’humain est sous ses ordres. Emportant le corps de Wra’wraou, il contourne le véhicule, ouvre la porte, nous laisse monter pour nous entasser sur le siège passager et démarrage sur les chapeaux de roue, laissant ses deux collègues en plan qui agitent les bras d’un air fâché tandis que nous nous éloignons à toute vitesse.

Cette fois, pas question de nous arrêter avant d’être arrivés à bon port ! Le sortilège ne dure que quinze minutes, alors nous décidons d’en faire bon usage et de rouler le plus vite possible. En plus, avec ce désagréable « PIIIIIN ! POOOOON ! PIIIIN ! POOOOON ! » les gens s’écartent et nous laissent passer ! Un léger détail attire cependant notre attention tandis que celle de notre conducteur est totalement focalisé sur la route devant nous : nous n’avons pas refermé les portes arrière de la boîte et tout ce qu’elle contient est donc peu à peu déversé sur la route. Les autres humains qui roulent autour de nous font donc de grandes embardées pour tenter d’éviter les projectiles mais plusieurs d’entre-elles finissent par se télescoper à force d’emprunter des trajectoires imprévisibles. Nous grimaçons quand un monstrueux carambolage se forme sous nos yeux. Oups.

Notre deuxième victime du jour s’appelle Ambu Lancier. Ambu de son prénom oui. Les humains se donnent vraiment de drôles de sobriquets…  Il semble habitué à zigzaguer à toute vitesse et fonce vers notre destination mais nous sommes encore loin quand le bipède reprend soudainement ses esprits. Horrifié par ce qu’il aperçoit dans son rétroviseur, il écarquille des yeux effarés et commence à ralentir sans remarquer les six chats entassés sur la place passager à côté de lui. Il ne lui faudra que quelques instants pour se rendre compte qu’il est la cause du cataclysme. Nous nous concertons silencieusement du regard, tentant de trouver une solution moins violente que la dernière fois pour que l’humain reprenne la route sans se soucier de sa destination. Wra’wraou dresse soudain les oreilles et s’approche de l’humain en nous écartant, visiblement inspiré. Le British se concentre, fixe Ambu pendant quelques secondes et ses moustaches frémissent. Le mystérieux sortilège semble opérer car l’humain se frappe soudainement le front du plat de la main, comme s’il venait de se souvenir d’une évidence.

« Mais oui c’est vrai ! C’est la mère Michelle !! » s’exclame-t-il devant nos truffes subjuguées.

Et Ambu d’accélérer de plus belle, nous plaquant contre le siège, sans plus se préoccuper de ce qui se trame derrière lui. Estomaqué, Meov’ow se tourne vers notre comparse :

« Mais qu’est-ce que tu lui as fait ?

– Je lui ai implanté un faux souvenir, explique Wra’wraou soulagé que son idée fonctionne, Il pense qu’il doit foncer au salon du chiot et du chaton parce qu’une dame, la mère Michelle, y a fait un malaise.

– Ingénieux !! » le félicite Wra’lou.

Nous sommes cette fois tranquilles pour un bon moment ! Notre route est toute tracée, il n’y a plus à s’en fa… qu’est-ce que c’est que cette nouvelle sirène ? Comme un seul chat, nous nous penchons vers le petit miroir latéral bien pratique à notre droite et apercevons dedans le reflet de nos nouveaux poursuivants. Il s’agit d’une boîte à humain blanche rayée de bleu, surmontée d’une lumière clignotante.

« Mauvais ça ! prévient Ma’iuw, C’est la police ! C’est eux qui grondent les humains quand ils font n’importe quoi ! »

Ambu semble du même avis puisqu’il jure et ralentit. Une voix de bipède déformée par un haut parleur le somme de s’arrêter. Enfin je crois. Leur langage est parfois un peu obscur. En plus, l’humain qui s’exprime trahit son accent typique de sa fonction :

« Police nationale ! Arrêtez-vous et sortez du véhicule ! »

Notre chauffeur immobilise la boîte roulante sur le bas-côté tandis que celle des policiers s’arrête à notre hauteur. Il est temps de fuir.

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