La quête de l’IRA – Épisode 4 : La cave

La nuit commençait à poindre et la température dans les rues de Dublin, déjà très basse pour ce mois de décembre, ne s’était pas arrangée avec le vent. Il s’était levé et avait atteint des pics réfrigérants. Les cinq espions se retrouvèrent tous au restaurant en fin de journée.

Félix et Sophie arrivèrent ensemble. Armand les aperçut au comptoir, mais feint de ne pas les connaître. Il fallait faire preuve de discrétion, surtout dans les lieux publics comme celui-ci, d’autant qu’il y avait un peu de monde en ce début de soirée.

Vous m’invitez ? demanda Sophie en adressant un petit sourire en coin au journaliste, qui s’effaça presque aussitôt.

Mais certainement ! Lui répondit-il, heureux que son charme opère enfin.

C’est très gentil de votre part.

Vous savez…moi j’offre toujours le premier soir !

Vraiment ? Et les suivants ?

Cela dépend du charme de mon invitée. Lui répondit-il avec un grand sourire.

Le chien jappa brièvement, de toute évidence, la bonne odeur de viande grillée et de rôti lui avait mis l’eau à la bouche.

Ils prirent une table et Félix conseilla un plat en fin cuisinier qu’il était. Ils prirent un poisson avec une bouteille de vin blanc. Sigmund arriva au moment de leur commande. Il passa rapidement la porte du restaurant et s’assit à une table dans un coin à part. Il recula la chaise lui faisant face, faisant semblant d’attendre une compagnie pour le dîner.

La cuisine fut bonne et la clientèle plus nombreuse qu’au déjeuner. À part eux, il ne semblait pas y avoir que des Irlandais dans la salle et comme Félix et Sophie échangeaient dans leur langue natale, ils furent souvent la cible de regards en coin. Armand continuait de discuter avec le patron derrière son bar tout en mangeant et semblait aborder un sujet particulièrement animé.

Son repas terminé, Félix se leva en laissant Sophie et prétexta au patron l’envie d’utiliser les commodités du restaurant. Le concerné lui fit un signe de tête entendu avec Félix et lui désigna l’arrière-boutique. Sigmund attendit une vingtaine de minutes et fit de même.

Sophie fut la dernière à se lever. Comme pour les autres, le patron lui désigna l’arrière du restaurant. Elle suivit son indication et emprunta un escalier descendant dans une cave.

En arrivant au sous-sol, elle dut se frayer un passage entre les caisses et tonneaux de nourriture pour rejoindre les garçons. Cette cave faisait office de réserve pour le restaurant. De la viande suspendue séchait dans un coin, ainsi que du jambon et du saucisson… Des gros sacs de pommes de terre étaient empilés dans un coin.

Ils s’étaient assis en attendant son arrivée. Sigmund et Félix avaient investi une vieille table en bois empêchant une dizaine de sacs d’oignon de s’écrouler. Armand grimpa sur une caisse et la jeune espionne s’y adossa. Après un cours silence formel, Félix le brisa en parlant de sa journée :

Bon écoutez, nous avons effectué un petit tour de repérage avec Sophie, mais les gens ne sont pas coopératifs. Même en faisant preuve de sympathie à leur égard, mais ils sont tous très tendus. Nous avons croisé des Anglais, mais nous n’avons pas eut l’occasion de les approcher alors qu’ils se trouvaient en compagnie d’Irlandais. Vous avez trouvé quelque chose d’intéressant de votre côté ?

J’ai visité le centre historique en cherchant d’éventuelles bases de résistances. Répliqua Sigmund. Malheureusement, cette recherche fut infructueuse. En revanche, j’ai été suivi.

Toi aussi ? s’étonna Armand. Au début, je pensais que ce n’était qu’une impression, mais j’ai pu le confirmer assez rapidement.

Serions-nous déjà repérés ? s‘inquiéta Sophie.

Personnellement j’ai eu l’impression désagréable d’avoir déjà vu mon suiveur, continua le psychanalyste. Mais je ne saurais pas dire où.

Alors que Sigmund tentait de décrire ce qu’il avait vu, Félix perçut des bruits étouffés provenant du fond de la cave. Ils n’étaient pas seuls !? Il jeta un regard inquiet aux autres, mais seule Sophie semblait comprendre ce qu’il avait remarqué. L’avait-elle entendu, elle aussi ? Elle semblait l’affirmer en tout cas. Ils échangèrent silencieusement un regard entendu.

Le journaliste continua la conversation, mais se déplaça dans la pièce doucement, sans varier son timbre de voix pour faire semblant de rester concentrer sur leur discussion. Sophie fit de même, pour ne pas attirer l’attention. Ils fouillèrent du regard le sous-sol et parcourant tous les coins possibles pour tenter de dénicher leur invité surprise.

Soudain, Sophie s’arrêta près du mur du fond. Elle entendit le bruit plus nettement et, étrangement, l’identifia comme étant des pleurs. Sigmund remarqua le comportement étrange de ses deux compagnons et s’empressa de le leur signaler.

Que cherchez-vous Félix ?

Concentré, le concerné ne releva pas.

Oh rien ! Je regarde ce que le restaurant possède comme denrées rares ! Ils ont de la charcuterie de qualité ici !

Je vois…

Sigmund sembla perplexe. Sophie fit des gestes approximatifs à l’égard de Félix. Armand quant à lui, observait la scène, songeur.

C’était bien des pleurs qu’elle entendait et Félix sembla le lui confirmer également au bout d’un moment. En longeant le mur et poussant quelques sacs en toile de Jute qui manqua de la faire basculer en avant, Sophie découvrit une petite entrée cachée derrière des tonneaux. C’était un genre de petite entrée creusé dans le mur de la cave. Assez grande pour qu’une personne adulte puisse y pénétrer, elle semblait déboucher vers un tunnel secret.

Armand et Sigmund, intrigués, se dirigèrent vers leurs deux confrères et constatèrent avec eux leur étonnante découverte. Sophie était formelle : les pleurs provenaient de ce tunnel. Il n’y avait pas de lumière pour l’éclairer, mise à part les rares lanternes qui illuminaient la cave. Cette veine semblait avoir été creusée et s’enfonçait très profondément dans le sol.

Elle se pencha en avant et y passa lentement la tête, mais n’y vit rien de plus. Félix sortit un briquet de sa poche et s’approcha d’elle jusqu’à toucher son épaule. Le briquet éclaira la galerie, mais il semblait tellement profond qu’en distinguer le fond était impossible. Il semblait s’enfoncer encore plus loin. Jusqu’où menait-il et surtout pour quelle raison y avait-il un tunnel creusé dans la cave de ce restaurant ?!

Armand récupéra une lanterne et décida de s’engouffrer le premier dans le tunnel. C’était une galerie assez vieille qui s’enfonçait dans la terre et qui ne ressemblait pas au vestige d’une ancienne ruine. c’était en bon état, mais creusée dans la paroi directement. Avait-il été taillé délibérément à la main ? Creuser par des hommes ? Et si oui dans quel but ? Sigmund pensa tout d’abord à l’œuvre de la résistance irlandaise. Des tunnels secrets pour relier des bases d’opération ou pour effectuer des manœuvres de repli plus efficacement.

Les pleurs viennent bien de là. murmura Félix qui les entendait parfaitement maintenant.

Le groupe, mené par Armand éclairant, s’enfonça dans le tunnel.

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